GT sur la recherche

Groupe de travail Form’éduc sur la Recherche

 

Réunion du jeudi 5 février 2009 à Namur

Présents : Marc Dupuis, Marie-Claire Dieu et François Gillet

 

Le but de cette réunion est de lancer la question de la recherche consacrée spécifiquement au métier d’éducateur spécialisé.  Le débat  s’est articulé principalement  en trois temps :

-Pourquoi la Recherche ?

-Quels champs de recherche envisager ?

-Quelles modalités et quelle méthodologie ?

 

Pourquoi la Recherche sur le métier ou la profession d’éducateur ?

Le métier d’éducateur est nourri de nombreuses recherches disciplinaires en psychologie, pédagogie, sociologie, sciences juridiques etc… Ce qui lui manque est un champ de recherche professionnalisante, riche qui permette à l’intervention socio-éducative d’être mieux comprise dans le quotidien et la pratique de son exercice. Mieux comprendre ce qui se passe dans les relations entre l’éducateur et les personnes pour et avec lesquelles il travaille  au quotidien, comment les éducateurs interagissent au sein de leurs équipes éducatives ou au sein d’équipes interdisciplinaires, comment ils articulent leur poste de travail, quels sont les « outils utilisés »,  quelle est leur implication institutionnelle, etc…etc… voilà des sujets trop peu explorés et qui pourraient soutenir utilement la formation tant initiale que continuée des éducateurs.

La connexion forte entre les deux positions du formateur et  du chercheur est un autre point important qui justifie que Form’éduc s’intéresse de plus près au domaine de la recherche professionnalisante. Il apparait souvent dans nos écoles et centres de formation que telle ou telle observation faite auprès des étudiants –ou des éducateurs en fonction- dans leur pratique professionnelle mène à l’élaboration de questionnements qui mériteraient d’être approfondis. Ces questionnements pourraient parfois utilement être élaborés en pistes, voire en axes de recherche prometteurs. Il s’agirait ici de dépasser l’injonction déductive donnée par le monde de la recherche disciplinaire vers les praticiens  et de la remplacer par un véritable dialogue entre chercheurs-praticiens et praticiens-chercheurs. C’est ainsi que se pose  à nous la question de la légitimité du chercheur (Voir entre autres dans le travail de Gilles GENDREAU,   la réflexion sur cette question de la recherche en psycho-éducation au Québec).   Une observation précise réalisée sur les interactions survenues lors du « partage d’une tasse de café » réalisée dans le cadre d’une recherche sur la communication entre éducateurs de centres d’accueil et personnes marginalisées en est un exemple éloquent parmi d’autres.

 

Quels champs de recherche envisager ?

En tout premier lieu, un thème qui s’avère plus urgent que tous les autres : l’analyse des pratiques… avec et sans utilisation de la vidéo.

Et ensuite, un peu dans le désordre :

au niveau micro : analyse des interactions, utilisation d’outils au quotidien (systémique, A.T. et autres outils relationnels, pratiques artistiques, sportives  culturelles et autres dans l’intervention socio-éducative, la question du langage professionnel, de l’écriture professionnelle, les différents aspects du vécu corporel, « comment on se parle, on s’écoute, on se regarde on se touche dans le travail », le travail d’équipe au quotidien  …

au niveau meso : articulation du travail d’équipe et du travail institutionnel, le travail en réseau, la question de la déontologie de l’institution, du secteur, de la profession, ainsi que de ses rapports avec l’éthique, la question de la commande sociale relative au public des différents types d’institutions, la question de la relation entre l’éducatif et le thérapeutique, le travail avec les familles, l’accrochage scolaire, la supervision individuelle, la supervision d’équipe, la démarche d’intervision …..

au niveau macro : l’organisation sociétale du travail socio-éducatif, l’articulation du métier d’éducateur spécialisé avec les autres « métiers du social », l’interaction recherche-formation-pratique professionnelle, l’implication politique de la profession d’éducateur, ainsi que plusieurs champs interdisciplinaires qui nous concernent de près : la question de l’horizontalité et de la verticalité dans nos organisations, le nouveau paradigme sociétal dans l’intervention socio-éducative,  les nouveaux regards sur l’éducation (pédagogie sociale, pédagogie familiale, pédagogie scolaire etc…) et,  bien-sûr l’articulation de tout ceci avec les champs de recherche disciplinaires au sens large.

 

Méthodologie

La recherche-action ou l’action-recherche apparaissent être le cœur même de la recherche professionnalisante. L’humain dans son être comme dans ses interactions étant le plus souvent au centre de nos questionnements, il va s’agir d’élaborer des outils de recherche qui permettent de travailler cette dimension humaine et relationnelle à la condition expresse que l’humain soit respecté. Ceci  apparait fréquemment comme un défi, dans la recherche en science humaine et… peut – parfois même – nous décider à renoncer à comprendre…

Une balise importante est d’impliquer dans ces recherches praticiens, personnes concernées, chercheurs et formateurs dans une interaction horizontale en vue d’éviter toute utilisation  ou réification des personnes et des comportements.   Cette garantie jouera également pour éviter l’utilisation des étudiants par des formateurs ou par des chercheurs comme cela existe trop dans le monde de la recherche conventionnelle.

Enfin on insistera sur l’interaction réciproque entre recherche et formation  en étant attentif à ce que l’une peut stimuler l’autre et vice-versa.

 

Conclusion

Le groupe de travail renvoie à la prochaine réunion pour discuter de l’intérêt de créer un service ou institut de recherche sur le travail socio-éducatif et sur le rôle éventuel que Form’éduc pourrait avoir dans ce travail.

 

Pour le compte-rendu

François Gillet