sur le thème :
« Comment pense-t-on notre accompagnement, nos formations pour préparer les étudiants à travailler dans des conditions difficiles sur plusieurs points (horaires, sous financement, impuissance, charge mentale, perte de sens, etc…)? ».
sur le thème :
« Comment pense-t-on notre accompagnement, nos formations pour préparer les étudiants à travailler dans des conditions difficiles sur plusieurs points (horaires, sous financement, impuissance, charge mentale, perte de sens, etc…)? ».
Nous sommes des enseignants qui, à titres divers, participons à la formation d’éducateurs spécialisés au niveau supérieur, dans des écoles de différents réseaux, relevant tant de l’enseignement de plein exercice que de la Promotion sociale.
Les dispositions qui sont prises actuellement dans le cadre de la lutte contre la pandémie, trop souvent en ordre dispersé, affectent profondément la pratique professionnelle en stage. Nous souhaitons attirer l’attention des responsables, à différents niveaux, sur les effets que ces décisions ont pour les professionnels comme pour les étudiants, bien sûr, mais aussi pour les personnes accompagnées.
Comme pour beaucoup de cursus qui concernent les « métiers de l’humain », un des fondements essentiels de notre formation se trouve dans la pratique professionnelle, ces « stages » où les étudiants ont l’occasion d’expérimenter et d’élaborer peu à peu leur posture dans la rencontre des personnes qu’ils accompagnent ou qu’ils éduquent en étant encadré d’un côté par les professionnels sur le terrain et d’autre part par les enseignants.
Educateur spécialisé n’est en effet pas un métier qu’on exerce en appliquant des théories ou des manières de faire prédéterminées ; ce n’est pas non plus comme cela qu’on l’apprend.
Sans mettre de côté la réflexion et tout ce qui peut la nourrir, sans rejeter l’apprentissage de certaines techniques, il s’agit pour chacun d’aiguiser sa capacité à rencontrer les personnes en situation singulière et à les accompagner dans leur devenir de la manière la plus adéquate. Seule la confrontation durant le stage aux réalités du terrain, accompagnée et réfléchie dans le cadre de la formation, permet à l’étudiant cette part de l’apprentissage.
Si le stage est un axe de la formation, recevoir un ou des stagiaires dans une équipe de professionnels est la plupart du temps une ressource et une richesse. En effet, passé les premiers jours, le stagiaire va prendre en charge des aspects parfois délaissés du travail ; c’est lui qui va venir « en plus » pour consacrer du temps à cet enfant qui a besoin d’attentions et de sollicitations pour se concentrer sur ses devoirs, ou pour simplement permettre à une personne âgée, parlant avec elle le temps de son repas, de retrouver l’appétit de vivre avec les autres. C’est lui qui va peut-être sortir l’équipe d’un fonctionnement routinier, souvent sans le faire exprès, par ses questions « naïves » ou en proposant une manière de s’y prendre qu’on n’imaginait pas.
L’étudiant évolue ainsi au cœur d’un partenariat école-institution construit au fil des années qui contribue à dessiner l’avenir d’un métier et la reconnaissance d’une profession.
Sur le terrain, la pandémie touche gravement nombre d’institutions. Par la force des choses, des dispositions spécifiques contraignant ou limitant les activités ou les intervenants ont été prises, avec des conséquences dramatiques pour les personnes les plus fragiles et laissant dans l’ombre les éducateurs qui sont aussi des acteurs de première ligne.
Pour en revenir à nos lieux de formations[1], nous pressentons déjà les obstacles que nous allons rencontrer pour la réalisation des stages. Beaucoup d’institutions refusent des stagiaires au nom du principe de précaution ; un étudiant qui avait vu son stage confirmé il y a 15 jours s’entend dire que finalement il ne pourra pas intégrer l’institution, les consignes ayant changé ; une MRS accepte les étudiants aides-soignants ou infirmiers mais refuse les éducateurs spécialisés, etc.
Toutefois, ces institutions se rendent-elles compte, pour elles-mêmes, de ce qui est en jeu dans leur refus ? Par exemple, restreindre l’accès des stages en MRS ou dans les services hospitaliers aux seuls paramédicaux traduit une tendance à minimiser l’importance de l’approche relationnelle au profit du soin, alors que tous les témoignages ont montré combien le défaut de contact a été destructeur durant les mois de confinement. Le stagiaire éducateur spécialisé, tout comme l’éducateur formé, bien sûr, peut particulièrement répondre à ce besoin et compléter l’approche des autres intervenants.
Plus que jamais dans cette période, le partenariat que nous pouvons nouer avec les institutions de terrain peut être fructueux. La Ministre ne met aucun interdit aux activités de stage, tout en renvoyant aux règles en vigueur dans les services et institutions. Nous demandons que ces derniers appliquent rigoureusement, mais sans les durcir ou les radicaliser, les règles valant pour les professionnels œuvrant en leur sein. Nos étudiants sont capables, en étant préparés et encadrés dans leurs écoles, de se comporter de manière responsable quant au respect de ces règles sanitaires.
Tout ce qui peut être créateur de confiance et donner des garanties doit être mis en place. Depuis plusieurs années, les stagiaires sont soumis aux mêmes contrôles que les professionnels via la médecine du travail. Aujourd’hui, dans la même perspective, ces stagiaires peuvent être testés sur le lieu de stage ou via une demande de leur médecin traitant. De plus, les conventions de stage contractualisent les responsabilités entre l’établissement d’accueil et le lieu de formation.
Au-delà de cet appel que nous faisons aux responsables d’institutions ou de services, nous souhaitons également sensibiliser les ministères concernés par l’enseignement supérieur, l’Aide à la Jeunesse, la santé, l’AVIQ, etc., pour qu’ils rappellent l’importance à tous niveaux de l’accueil des stagiaires.
Très concrètement, la prise en charge du testing des étudiants stagiaires engagés dans tous les secteurs de l’aide aux personnes serait également une manière de soutenir les étudiants[2], comme les écoles et les institutions.
Nous rappelons enfin à tous les responsables d’institutions ou de services que, comme écoles, nous souhaitons poursuivre les partenariats déjà noués, en ouvrir d’autres, et que cela nous engage plus que jamais à envisager avec chacun d’eux la manière de préparer et d’accompagner au mieux nos étudiants pour qu’ils s’inscrivent de manière responsable et fructueuse auprès d’eux dans leur pratique professionnelle.
Form’Educ
https://formeduc.be/ (contact via le site)
le 02/09/2020
[1] Nous savons combien de questions pose cette année la rentrée dans tous les secteurs de l’enseignement. Pour notre part, nous sommes encore en train de nous interroger sur la manière dont nous allons pouvoir assurer un maximum de cours en « présentiel » (cette horrible expression qui n’existe que pour désigner l’inverse du « virtuel ») quand la taille des groupes est fortement limitée, les locaux et les horaires inadaptés, alors que la présence à l’autre, les contacts et la confrontation sont essentiels pour le métier comme pour la formation.
[2] Tant qu’à présent, ce testing est à leur frais !
Projet de P.V. du GT formation aux actes de soins du 1er février 2018
Présents :
Françoise Léonard, François Gillet, Michel Cotton. Lyazid Hassaini, Maryline Kenty, Philippe Dacosse
Invités : Miguel Lardennois et Patricia Ghilbert du SPF santé
Excusés : Nathalie Ramon, Isabelle Persoons, Jacques Clicheroux, Olivier Chiaradia, Daniel MANINI
Sujet principal :
Décision ministérielle du 19 décembre 2018 concernant le protocole d’accord !
Ce document est une déclaration d’intention. Il y a encore une cascade de réglementations qui devront être prises dans la suite. Publié au moniteur en février 2018 (voir pubIication du 12-02 des pp 10141 à 10145 au moniteur belge), il y a encore de bonnes chances que ceci soit transposé concrètement d’ici la fin de la législature.
Lecture de présentation du protocole par Mr Lardennois :
Le chapitre 1er « Rétroactes » présente l’historique des différents protocoles envisagés précédemment….
Le chapitre 2 présente les objectifs du protocole.
Le chapitre 3 « Intentions de réforme de la loi sur l’exercice des soins de santé »
On y explique que les personnes concernées sont celles qui sont en contact quotidien avec le patient. On parle de délégation : en bref le patient ou bénéficiaire concerné est celui qui a besoin d’un soin (pas trop compliqué à faire), et pour lequel, vu les circonstances (nuit, w-e, déplacement, pas de personnel médical permanent etc.) un médecin ou un infirmier est difficilement disponible. Le médecin ou l’infirmer analysent et évaluent la situation de la personne (un éducateur par exemple) susceptible de donner ce soin. Ils doivent voir si les conditions sont remplies pour que la délégation puisse avoir lieu.
Discussion en GT autour de ce chapitre :
Cette personne aura-t-elle besoin d’une formation ? Parfois oui parfois non, cela devra être mentionné dans le protocole qui devra être rédigé au cas par cas et en tenant compte du contexte où le soin devra être donné. Si oui, il faudra définir dans le protocole dans quelles conditions la formation peut être donnée, et qui la donnera ? Ce pourra souvent être le médecin ou l’infirmier lui-même. Il faut l’accord du professionnel et du patient. Personne ne peut en aucun cas exiger la délégation de l’autre…
La délégation peut être nominative, mais ce n’est pas toujours le cas. On peut décider que dans cette institution tous les éducateurs peuvent donner ce soin dans la mesure où ce sont des personnes employées régulièrement.
Le stagiaire serait-il habilité à donner certains soins ? Directement non. Mais La possibilité existe que l’infirmier accepte d’apprendre au stagiaire et puisse ainsi lui déléguer un soin particulier
En cas de problème -ceci pour toutes les personnes concernées par un protocole de délégation- la responsabilité peut être du côté de la personne qui a délégué ou qui a reçu la délégation. Chacun doit être prudent dans le processus de délégation. Il y a un passage du texte « 3.4 responsabilités » qui définit tout ceci.
Le professionnel doit fournir une procédure dans laquelle il indique les conditions du geste professionnel et signe dans son dossier qu’il a délégué, et dans quelles conditions.
Concernant la formation, il s’agit de former les infirmiers à « déléguer ». Et de former les éducateurs à recevoir cette délégation. A accepter une délégation de manière professionnelle.
On évoque la question du refus de soin par les éducateurs : -Dorénavant les éducateurs ne pourront plus refuser « parce que la loi leur interdit ». Mais ils peuvent refuser par ex parce qu’ils ne sentent pas suffisamment formés. -Le patient, lui, peut refuser s’il est responsable de ces actes. Il peut aussi faire la demande dans des conditions particulières.
REM : Pour les professionnels de la santé il est important de ne pas glisser vers la sous-traitance. Il s’agit de soins donnés.
Concernant la formation générale des éducateurs spécialisés, il s’agirait plus de sensibiliser les étudiants à évaluer quand une personne va mieux ou va moins bien. Enseigner des compétences transversales de soins plutôt que des gestes professionnels précis. Sensibiliser à une éthique de responsabilité et une éthique de soins.
A la fin du document dans le chapitre 4 « Dispositions finales » il est précisé :
-Que la ministre s’engage à appliquer la loi
-Quelques actes interdits : chirurgie, injections sous cutanées, prélèvements sanguins…
-Evaluation prévue dans trois ans
Remarque du GT :
N’y aurait-il pas une recherche à faire pour suivre l’implémentation des premiers protocoles dans les institutions ?
Et pourrions-nous demander dans trois ans aux étudiants en stage dans des milieux concernés de remplir une grille concernant l’évaluation de la délégation sur leur lieu de stage…
Questions en suspens :
Que deviennent les aides-soignants dans ce cas ? Actuellement la discussion a lieu
Que deviennent les autres professionnels ?
Il faut absolument discuter ces questions en équipe en mettant l’intérêt du patient au centre.
La première question à poser serait : quelles sont les situations où il semble évident que la délégation est un plus pour le patient ET un progrès au niveau de l’intervention professionnelle.
Il va falloir développer la communication interdisciplinaire et les interactions interprofessionnelles. Apprendre le « MSE » le langage médico-socio-éducatif….
Il y aurait une belle idée d’un ouvrage à rédiger dans ce sens (Ex 100 mots du MSE pour un éducateur).
Apprendre des gestes sans nécessairement connaitre tous les termes
On peut encourager les étudiants dans la réflexion à la délégation dans les cours d’éducation à la santé, dans les rapports de stage, dans les TFE.
Ouvrage de référence : BOLLY Cécile « Et l’éthique dans tout ça ? En le racontant à ma fille »
La question de la formation des équipes à l’application de leurs protocoles au sein de leurs murs…. Ceci remet en question la question de l’interprofessionnalité puisque ces groupes qui travaillent devraient se rencontrer entre éducs, infirmiers, ergos, kinés…
En conclusion cette séance clôture le travail du GT soins de form’educ.
Rapport en sera fait lors de la prochaine plénière Form’educ du 17 mai 2018 à 16.00 à l’IFS de la Province de Namur rue Henri Blès à Namur.
Bienvenue à tous les membres de ce GT qui pourront en être !
Prise de notes
François Gillet